Enseignement, apprentissage et évaluation : quelle place pour l’erreur ?

, par France Toursel

Lundi 16 Janvier 2023, s’est déroulée au lycée Marie Curie à Versailles une forma-tion sur l’évaluation. Cette formation à destination des enseignants de la série ST2S, regroupait une cinquantaine de collègues issus pour moitié de BGB et pour moitié de STMS. Elle avait pour vocation d’aborder l’évaluation sous un nouvel angle, complémentaire des formations disciplinaires de BGB et STMS. L’objectif de cette session était de comprendre le lien entre l’enseignement, l’apprentissage et l’évaluation, et de situer la place de l’erreur dans le processus d’apprentissage.

En effet, l’évaluation représente un enjeu fort tant pour les familles et les élèves que pour l’enseignant.
Les représentations autour de celle-ci sont empreintes des fonctions qu’elle a occupées depuis le début du XXème siècle : essentiellement certificative dans les années 1930, elle devient un processus de vérification continue dans les années 1960 pour progressivement s’affirmer en tant que message qui permet de « communiquer à l’évalué ce qu’on attend de lui et de l’inciter à partager les finalités de la formation” [1]. Elle fait ainsi aujourd’hui partie du continuum « enseignement, apprentissage, évaluation ».

Daniel FAVRE [2] fait la distinction, lors de pratiques d’enseignement et d’évaluation, entre deux logiques indispensables mais incompatibles si elles sont effectuées en même temps : la logique de contrôle et la logique de régulation.

  • La logique de contrôle a pour but de mesurer un écart par rapport à une norme, afin de sélectionner des élèves possédant certaines compétences, connaissances ou savoir-faire. Le type d’évaluation concernée ici est de type sommatif et l’erreur est alors considérée comme un « échec ».
  • La logique de régulation, sur laquelle nous nous sommes attardés lors de la formation, est indispensable à la période d’apprentissage car elle fournit à l’élève des renseignements qui vont lui permettre de franchir d’éventuels obstacles et ainsi progresser vers l’acquisition d’une nouvelle compétence. L’erreur correspond alors à une information faisant partie intégrante du pro-cessus d’évaluation formative.

Si on se réfère aux quatre piliers de l’apprentissage selon Stanislas DEHAENE  [3], l’erreur occupe une place de choix. Ses recherches indiquent que le cerveau est capable de lancer des prédictions et lorsqu’il reçoit en retour une information sensorielle, une comparaison s’effectue entre celle-ci et la prédiction de départ. La différence entre les deux, crée alors un signal d’erreur qui permet de corriger et d’améliorer la prédiction de départ. Ainsi le cerveau fonctionne par itération, de manière à toujours corriger la prédiction précédente et ainsi améliorer les connaissances.
Si ses conclusions sont transposées à une classe, un enseignant qui corrige une réponse erronée d’un élève permet à ce dernier d’avancer dans son apprentissage. Les échanges entre élève et enseignant sont donc une des clés de l’apprentissage et montrent bien que l’erreur est fondamentale pour progresser. La citation de Confucius : « L’homme sage apprend de ses erreurs » prend ici tout son sens. Bien sûr, pour que cela soit réellement efficace, deux conditions sont à respecter : il faut que l’élève repère activement cette erreur et la dépasse, et que cette erreur ne soit pas sanctionnée. En effet, la sanction peut entraîner chez l’élève diverses émotions parmi lesquelles le stress, qui est un inhibiteur d’apprentissage voire de démotivation. Il faut ainsi privilégier le renforcement positif comme l’approbation et l’encouragement.

Selon Daniel FAVRE, au cours de l’apprentissage, les élèves passent par une phase de déstabilisation cognitive et affective, au cours de laquelle ils sont vulnérables. Puis petit à petit, grâce à l’évaluation formative et les erreurs qu’ils commet-tent, ils prennent confiance en eux et se représentent l’apprentissage comme moins redoutable et s’y engagent.

Jean-Pierre ASTOLFI [4] a ainsi mis en évidence dans son ouvrage L’erreur un outil pour enseigner trois stratégies pour provoquer l’erreur et l’utiliser pour progresser :

  • Les conflits socio-cognitifs, qui permettent des progrès intellectuels chez les élèves par le jeu d’interactions.
  • La métacognition, qui correspond à la représentation que l’élève a des connaissances qu’il possède et de la façon dont il peut les construire et les utiliser [5] ,
  • La zone proximale de développement, qui selon Lev VYGOTSKY, corres-pond à « l’écart entre le niveau de résolution indépendante de problèmes et le niveau de développement potentiel déterminé par la résolution de problèmes sous la direction d’un adulte ou en collaboration avec des pairs plus compétents » [6], d’où l’intérêt de permettre aux élèves de travailler en groupe.

Au cours de cette formation, de nombreux outils ont été testés par les collègues présents. Ils ont pu au cours d’ateliers disciplinaires construire des activités d’évaluation utilisant outils numériques qui intègrent l’erreur formative.
Vous pouvez retrouver sur le mur collaboratif en ligneles différentes activités réalisées par les collègues, mais aussi une liste non exhaustive d’outils incluant un tutoriel pour les prendre en main, un avis sur leur facilité d’utilisation par l’enseignant et l’élève et leur pertinence vis-à-vis des objectifs visés.

A vous, dès aujourd’hui, d’enrichir ce PADLET avec des commentaires et des évaluations formatives laissant la place à l’erreur !

Partager

Imprimer cette page (impression du contenu de la page)